samedi 22 décembre 2012

Le musée des cœurs brisés


Jusqu'au 20 janvier 2013 est présenté au 104 à Paris une exposition intitulée : "Le musée des cœurs brisés".

Il est extrêmement intéressant de constater comment cette exposition et le concept qui lui est associé sont proches de notre travail Lisboa/ collection.
Il s'agissait pour les concepteurs "des cœurs brisés" de collecter (de faire collection), d'intituler cette collection musée, puis de présenter.

Malheureusement, l'exposition ne tient pas ses promesses. Une scénographie qui ne sert pas les objets (quelques socles, des lumières crépusculaires) et des cartels qui sont les textes des donateurs.
Aucun recul, aucune "mise en perspective", un gnan-gnan insupportable.

Seul(e)s quelques lucides se sont exprimé(e) sur les affichettes mises à disposition.

qqs photos :









Le lien pour l'exposition "Le musée des cœurs brisés" sur le site du 104.

Texte issu d'une dépêche de l'agence Reuters
 
Un musée des coeurs brisés, dans lequel sont exposés une centaine d'objets et de textes qui témoignent d'amours passées, s'installe mercredi soir pour un mois à Paris. Dans un espace en béton au sous-sol du 104, dans le 19e arrondissement de Paris, des colonnes blanches présentent aux visiteurs un canard en plastique, une alliance, une robe de mariée rouge ou encore des escarpins achetés à Pigalle.
Autant de reliques de relations cassées, accompagnées d'un texte, de quelques mots, d'un poème, d'un cri, de deux dates, celles de début et de fin, et d'une ville. Ici, une copie de L'éducation sentimentale de Flaubert témoigne d'une relation parisienne qui aura duré 19 ans. "Un amour de jeunesse qui devint l'amour d'une vie", dit le texte qui l'accompagne. Là, des dreadlocks - mèches de cheveux emmêlés - immortalisent un amour de 7 ans, à Alfortville, qui "a laissé un énorme trou noir".
"Ces objets n'ont pas de valeur, c'est un marché aux puces, mais on essaie de les montrer avec dignité et de créer une sorte de temple", dit Olinka Vistica, l'une des deux commissaires de l'exposition. "Pour les gens, ça a un effet cathartique."
Comme dans toutes les villes où il s'est arrêté, ce musée itinérant, créé en 2006 en Croatie, s'est enrichi à Paris de reliques locales. Un appel aux dons a été lancé et 100 contributions ont été collectées en deux mois. "J'ai tout de suite été attirée par ce projet car je suis une grande collectionneuse qui a du mal à jeter", confie l'une des donatrices. "L'idée d'offrir une deuxième vie à ces objets, d'en faire quelque chose, qui soit un intermédiaire entre rien et les garder dans une boîte à chaussures" m'a plu, dit-elle.

Adultère et introspection

Ce musée, qui n'était au départ qu'une installation dans un container, dans le jardin d'une galerie de Zagreb, est né de la rupture de ses deux commissaires, en 2004. Pour les deux amants croates, lui artiste plasticien et elle productrice de cinéma, il s'agissait de garder une mémoire "créatrice, et non pas destructrice" de leur relation, explique Olinka Vistica.
La collecte d'objets a commencé dans leurs cercles d'amis. Six ans plus tard, le concept, devenu en 2010 un musée permanent à Zagreb, a voyagé à travers le monde et séduit les amoureux déçus de plus de 20 villes sur tous les continents, sauf l'Australie.
"Ce qu'on découvre au fur et à mesure, c'est que c'est un sentiment vraiment universel, mais beaucoup d'histoires ne parlent pas uniquement de la relation des deux personnes, mais aussi de la culture du pays", souligne Olinka Vistica.
Aux Philippines, de nombreux textes évoquent l'émigration. Dans les Balkans, la guerre est omniprésente dans les objets choisis, comme cette prothèse de genou d'un invalide de guerre tombé amoureux de son assistante sociale. "À Paris, on voit bien qu'on est dans une grande ville, les gens vivent rapidement, leurs relations se font et se défont très vite, il y a beaucoup d'adultères", dit Olinka Vistica. Les textes recueillis dans la capitale française sont également plus introspectifs, ajoute Drazen Grubisic, co-commissaire de l'exposition. "C'est comme si tout le monde ici était allé chez le psy", dit-il.
Jusqu'au 20 janvier, ces reliques de relations amoureuses, mais aussi filiales et amicales pour quelques-unes, interpelleront les visiteurs du 104. Un espace symbolique puisqu'il abrita jusqu'en 1997 le service municipal des pompes funèbres de Paris, souligne Olinka Vistica. "On ne crée pas un cimetière", dit-elle. Mais c'est "comme une cérémonie d'adieu".