mardi 18 août 2015

Exposition "Flamands & Hollandais" Nantes

Bien-sûr,
prenez l'initiative,
avant d'aller à Amsterdam,
de vous déplacer
au Château des Ducs de Bretagne à Nantes,
avant le 30 août,
date de fermeture de l'exposition.

"Flamands et Hollandais"
Jusqu'au 30 août, au Château des ducs de Bretagne à Nantes.
Une peinture qui a bouleversé les codes de l’histoire de l’art.



Doux paysage enneigé, portrait poétique d’une petite fille aux fleurs, nature morte d’un festin, naufrage tourmenté ou scène de la vie paysanne… Voici un aperçu des œuvres qui sont présentées au sein de l’exposition « Flamands et Hollandais, la collection du musée des beaux arts de Nantes ». « Nous avons sélectionné 65 tableaux du 16e au 18e siècle parmi notre collection de 300 œuvres des Anciens Pays-Bas », souligne Adeline Collange-Perugi, conservatrice Art ancien au musée des beaux-arts.

L’invention de la peinture à l’huile

Ces chefs d’œuvre s’inscrivent dans une période cruciale de l’histoire de la peinture. Au siècle précédent, on doit au peintre flamand Van Eyck une innovation déterminante : il a délaissé la tempura (peinture à l’œuf) et a inventé la technique de la peinture à l’huile, qui sera reprise au 16e siècle par les Italiens. « Il s’agit là d’un vrai bouleversement pictural qui permet de superposer les couches de peintures pour illustrer des détails réalistes comme la carnation et la transparence du regard ou donner de la perspective aux paysages.»
L’exposition invite à découvrir l’épanouissement de cette peinture, surtout pendant le Siècle d’or (17e) en mettant en miroir peintures hollandaises et flamandes. Cette période, qui voit naître une riche élite commerciale commanditaire de nombreux tableaux, suscite une explosion créatrice chez les peintres.

L’influence de la religion

Même si Flamands et Hollandais partagent des caractéristiques communes (peinture à l’huile, émancipation des genres, goût pour le réalisme...), une fracture s’opère dans la représentation des images avec la montée du protestantisme au Nord des Anciens Pays Bas (Hollande) et la domination catholique au Sud (Flandres).
L’influence de la religion s’exprime ainsi nettement dans les peintures d’histoire. Avec d’un côté les peintures hollandaises, dans un style retenu et inspiré par les sujets de l’Ancien Testament, marquées par la figure de Rembrandt, et de l’autre, les peintures flamandes, très démonstratives et animées, marquées par la figure de Rubens. Ainsi, à l’entrée de l’exposition, c’est un chef d’œuvre de Rubens de 3m10 de haut qui s’impose aux visiteurs. « Le Triomphe de Judas Macchabée » montre un général observant ses soldats pillant l’armée ennemie. «La scène, bouillonnante et animée, reflète l’influence du baroque italien sur Rubens, qui partit en Italie de 1600 à 1608. Et la précision dans l’expression des personnages ou dans le rendu de la matière de l’armure révèlent son goût pour le réalisme.»
Influencés par les protestants qui remettent en cause le culte des saints, bannissent les peintures religieuses des églises et portent une attention particulière au quotidien, les peintres hollandais délaissent la peinture religieuse et se tournent vers de nouveaux genres : portraits, scènes de la vie paysanne, natures mortes, paysages, marines… Ces sujets, dont s’emparent également les Flamands, ne sont pas considérés, comme c’est le cas en France à l’époque, comme des sous-genres.

Des natures mortes, entre opulence et retenue

Dans les natures mortes du 17e siècle, l’influence de la religion permet également de distinguer avec netteté les peintures flamandes des peintures hollandaises. Les premières, très opulentes, foisonnantes et colorées, sont marquées par le baroque italien de Rubens. Dans les secondes, la démonstration de la richesse est plus subtile et plus retenue, les compositions épurées et la palette restreinte aux gris-ocres.

Finesse et réalisme 

Loin des portraits idéalisés des Italiens, Flamands et Hollandais partagent le même le goût du réalisme. Ainsi, dans le «Portrait de femme » de Pourbus, le goût du détail s’illustre à travers les imperfections de la peau comme les rougeurs et par le raffinement de la fraise (collerette). Une délicatesse qui s’exprime aussi dans les paysages. Brueghel doit ainsi son surnom « de Velours » à son extrême précision. « Il peint les feuilles une par une, c’est d’une finesse incroyable ! », souligne Adeline Collange-Perugi.
Autre marque de fabrique des peintres des Anciens Pays-Bas : la perspective atmosphérique, en opposition à la perspective intellectuelle et mathématique des Italiens. Ils créent l’illusion de profondeur grâce à un jeu sur les couleurs et non sur les lignes : tons ocres-bruns au premier plan, plus verts au second et gris bleutés au troisième.
Ce Siècle d’or aura un très fort impact sur les peintres français du 18e siècle et influencera ainsi Watteau ou Chardin dans la peinture des paysages et natures mortes.

source "Ville de Nantes"