jeudi 19 mai 2016

La modernité picturale 1910 - 1960


la modernité picturale
des années 10 aux années 60



Suite au topo sur l’émancipation des artistes et notamment des peintres, depuis la fin du 18° siècle, souvenons nous que cette prise de liberté s'est manifesté par :

- une libération des thèmes classiques ( religion, histoire, portraits )
- un recentrage sur l'artiste lui-même
                                      sa vie, son milieu, la rue, le quotidien, la famille, l'intimité
- un renoncement à peindre le réel
- une volonté à peindre le monde vu par le filtre des émotions et des sentiments

Tout ceci a ouvert la voie à l'abstraction. En marge de l'abstrait, un très grand nombre de peintres se sont emparé de cette liberté sans jamais être abstraits. A partir des années 1920, on les appellera les "modernes" et seront représentés par deux icônes françaises : Henri Matisse et Pablo Picasso.

Henri Matisse est un coloriste. La couleur a toujours été son vecteur de liberté et d'expression. Issu du fauvisme au début des années 1900, il restera toute sa vie adepte de la couleur pure, associée à des thèmes joyeux et décoratifs, toujours très traditionnels 
( intérieurs, fleurs, femmes, danseurs ).

 H. Matisse, intérieur au vase étrusque, 1940



Pablo Picasso restera lui aussi toute sa vie traditionnel dans ses thèmes, mais marqué par ses origines espagnoles, d'une part, et son engagement politique, d'autre part.
Inventeur du cubisme en 1907, il sera constamment en questionnement sur les limites de notre vision, les limites de la peinture, plate, et une recherche de "vérité" du monde qui passerait par une multitude de plans et de points de vue simultanés.

P. Picasso, les trois musiciens, 1921


Ces deux artistes vont opérer chacun à leur manière le travail de tous les modernes, qu'ils aboutissent à l'abstrait ou non : 
- renoncement progressif aux détails et à l'anecdote
- renoncement progressif au motif identifiable
- renoncement progressif au réalisme
- travail des surfaces comme plans qui s'imbriquent et jouent entre eux optiquement, sans hiérarchie
- radicalisation des couleurs et des graphismes, plus intenses, plus simples
- revendication de la planéité du support.


H. Matisse, nu bleu IV, 1952


Outre ces non abstraits, la forme d'abstraction la plus en vogue pendant ces années fut l'abstraction lyrique, sur base de grands gestes qui génèrent de larges structures noires sur des fonds clairs. Cette forme d'abstraction est la première forme d'art pictural commune aux Etats-Unis et à l’Europe.


Pierre Soulages, Peinture, 1948




Franz Kline, sans titre, 1957

A partir de 1913, la modernité et l'abstraction européennes sont connues aux états-unis, où elles seront "boudées" par ce pays très traditionaliste. Il faudra attendre les années 40 pour qu'une abstraction typiquement américaine apparaisse, sous la forme des colorfields.

Malgré la grande diversité des moyens et des aspects de ces "modernes", figuratifs ou abstraits, ils ont tous en commun d'être "constructifs", c'est à dire qu'ils veulent une harmonie visuelle, une poésie, ou une réflexion, une question sur notre façon de voir.

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