topo sur l'esthétique industrielle

Les conditions d’apparition
De l’esthétique industrielle

Résumé des points clés

HISTORIQUE des idées qui ont fait le design industriel

1769 / 1851 ( La période des ingénieurs )
mots clés : série / machinisme / fonction

Angleterre : la houille remplace le bois. Si tous les historiens ne sont pas d'accord sur les décennies précises auxquelles commence et prend fin ce mouvement, on peut dire que tous les éléments sont réunis en Angleterre en 1780 pour que la Révolution industrielle prenne son véritable essor et qu'en 1850 commence le déclin de sa suprématie avec un nouveau système technique, celui de l'électricité, du pétrole et de l'acier.
Une conjoncture technico-socio-économique génère une révolution industrielle : on peut faire des machines, qui feront à leur tour des pièces d'industrie lourde, des infrastructures, etc…la base de cette révolution est l'invention de la machine à vapeur au tout début du 18° siècle, vers 1820. James Watt posera le brevet de la première machine à vapeur opérationnelle, en 1769.

la machine à vapeur de James Watt, modèle 1769

On passe d’une économie familiale à des firmes prospères, obligées de produire rapidement et de vendre beaucoup pour compenser les énormes investissements en matériel.

Ce que produit l’industrie sont des équipements d’infrastructures. Les objets du quotidien ne sont que très peu concernés par cette révolution, à part les textiles. Les objets courants restent artisanaux et chers. Ils appartiennent au style «éclectique», marqué par son goût des modèles anciens et l’ornementation.
Après la révolution industrielle, les objets influents étaient donc de deux types : soit bourgeois, chers, beaux, et peu pratiques, soit industriels, jugés laids, mais bon marché et pratiques.

La première manifestation ambitieuse de l'esthétique industrielle est un pont métallique, le pont de Coalbrookdale, en Angleterre, en 1777, d’un ingénieur et métallurgiste nommé Abraham Darby IIIThomas Pritchard, l'architecte, construit ce pont comme un outil : Toutes les pièces sont apparentes, rien n’est décoratif, tout est au service de la fonction. Ce courant d’idées s’appellera le fonctionnalisme. Il s’oppose à l’éclectisme, en s’intéressant plus à la structure qu’à la décoration des produits.

le pont de Coalbrookdale, dit " Iron Bridge" 1777 - 1779

Le concept fondateur du design est là : récupérer les qualités pratiques de l’industrie lourde, y apporter le souci esthétique des produits artisanaux pour obtenir des objets à la fois satisfaisants, et faisables en grande série par des machines.


         Transposition de l’esthétique machiniste dans le quotidien

Première exposition universelle de 1851, à Londres : A cette occasion, les pays industrialisés exposent leur savoir-faire en matière d’industrie, de techniques, et d’artisanat décoratif. Le pavillon anglais fait une révolution : Le crystal Palace, de l’horticulteur anglais Joseph Paxton, hall d'exposition couvrant plusieurs hectares, entièrement en acier et en verre.
1° bâtiment à intégrer les procédés nouveaux de l'architecture métallique. 1° révélation au grand public de l'esthétique fonctionnaliste, fondée sur les formes géométriques pures. Rupture historique avec le passé, car renoncement à la décoration. 

le Crystal Palace de Joseph Paxton, 1851

L’architecture métallique, par son économie de moyens par rapport à la pierre, sa légèreté, et sa faisabilité en grande série, fascine. Les architectes rêvent de villes en verre, où la décoration, le signe des classes bourgeoises, serait effacée au profit d’une esthétique universelle, sans classes sociales, dont chacun, même modeste, pourrait profiter pour pas cher.

Deux énormes problèmes bloquent ce rêve : les gens ne sont pas prêts, donc pas de demande et pas de marché possible, et deuxièmement, il n’y a pas encore de formes nouvelles capables de donner à cette technique une originalité et une expression « moderne ». Gros conflit à l’époque pour savoir si cette architecture métallique sera à l’avenir l’affaire des ingénieurs ( les techniciens ) ou des architectes ( les plasticiens ).
1830 : un ébéniste autrichien, Mickaël Thonet, se lance dans la modernité en se servant de bois courbé à l’étuve pour faire des meubles. En 1857, il lance son modèle phare, le chaise « Bistrot », vendue en kit par lots de 36 chaises. En 1920, la marque Thonet aura vendu 20 millions de chaises Bistrot.

la chaise Thonet n°14, dite "Bistrot" 1857

A partir de 1800, la modernité industrielle compte une frange radicale, sans compromis avec 
l'ornement et le passé, et une frange hostile, traditionaliste et bourgeoise. Entre ces deux extrêmes, 
toute une série de compromis qui essaie de concilier les avantages des deux partis.

Au milieu du 19° siècle, l’industrie sous sa forme radicale, produit :
-       Des charpentes métalliques et des structures porteuses de bâtiments uniquement industriels
-       Des infrastructures ( silos, quais, grues, rails, etc )
-       Des machines-outils
-       Des ponts de chemin de fer
-       Des moteurs à vapeur pour locomotives et bateaux

Sous une forme mixée avec la tradition, l'esthétique industrielle produit :
-       Des machines pour des manufactures
-       Des structures constructives pour des bâtiments publics ( gares, musées, marchés, etc )
-       Des verrières, des dômes géants
-       Des ponts urbains

Le fonctionnalisme s’appuie sur une diversité d’idées et d’initiatives isolées : les Shakers américains, les écrits de théoriciens comme A. W. Pugin, en Angleterre, des tentatives sporadiques d’hommes d’état ou d’artistes pour rompre avec les modèles du passé et se débarrasser de la décoration qui cache la structure et la vérité physique des objets.
L'industriel et le patron deviennent une nouvelle sorte de bourgeois.
Partout sur les sites industriels, l'extraction du charbon et les usines emploient une main d'oeuvre d'immigrés ruraux misérables, sous qualifiés et sous payés. Les ouvriers ont une vie extrêmement dure et dangereuse. Les banlieues des villes se ceinturent de quartiers ouvriers dans lesquels le manque d'hygiène, de place, et de soins, font des ravages. Pauvreté, maladies, insécurité....
Vers 1860, la situation est telle que les instances politiques et sanitaires anglaises déclarent une priorité nationale. Sur ce terreau, naîtront les syndicats, les fonds de solidarité, les assurances, le socialisme, et plus tard le communisme.

Les images projetées en cours :  ici